« Socialiste ». Jusqu’alors, cet adjectif était considéré comme une insulte pour la grande majorité des Américains. Et pourtant, aujourd’hui, à sept mois des Élections Présidentielles, le peuple de l’Oncle Sam pourrait conduire un candidat ouvertement « démocrate socialiste » à la Maison Blanche. Son nom ? Bernie Sanders.

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Les 1er et 2 février prochains, les électeurs de l’Iowa se rendront aux caucus (réunions publiques organisées par les partis) démocrates et républicains afin de choisir leurs délégués. Ces derniers éliront, en juillet, les deux candidats, un démocrate et un républicain, qui se disputeront la succession de Barack Obama. Ces premiers caucus marquent le lancement officiel des Élections Présidentielles Américaines.

Du côté des Républicains, Donald Trump, le milliardaire au discours plus que provocateur, a une longueur d’avance sur ses principaux adversaires, Ted Cruz et Jeb Bush. Du côté des Démocrates, c’est beaucoup plus compliqué… Si Hillary Clinton pensait avoir l’horizon dégagé vers l’investiture de son parti, l’ex Première Dame doit, désormais, faire face à un concurrent inattendu. Cet obstacle se nomme Bernie Sanders. Sénateur indépendant du Vermont, ce candidat a une particularité : il se définit lui-même comme un démocrate socialiste. Socialiste, un mot, qui depuis des décennies effraie les Américains. Et pourtant, les chances de retrouver cet homme de 74 ans à la Maison Blanche en 2017 existent.

Une carrière étonnante

Le parcours de Bernie Sanders est original. Membre du Parti Socialiste Américain dans sa jeunesse, élu au Congrès en 1990 alors qu’il était indépendant (une première depuis 1950), il devient en 2006 Sénateur du Vermont ayant été soutenu par le Parti Démocrate mais n’en portant pas l’étiquette. Sanders a eu, tout au long de sa carrière, cette volonté de se démarquer de ses collègues démocrates. Pour preuve, il se déclare ouvertement socialiste.

Il serait tout à fait incongru de comparer « le socialisme de Sanders » au socialisme français. Pourtant, dans son discours, le Sénateur du Vermont s’inspire parfois du modèle hexagonal. Sa principale promesse de campagne est, par exemple, de modifier la réforme de la santé en l’élargissant à tous les Américains et en s’inspirant pour cela de ce qui se fait en France. Son discours séduit et notamment chez les femmes et chez les jeunes. Il séduit tellement que le voir remporter les deux premiers scrutins de délégués (dans l’Iowa et le New Hampshire) ne serait pas totalement une surprise.

Un discours offensif

Malgré son âge avancé, Bernie Sanders apporte un vent de fraîcheur dans le monde politique américain. Il ose dire tout haut ce que personne (ou presque) n’a osé dire avant lui. Il veut une « révolution » du peuple américain ; dépénaliser le cannabis ; mettre à mal le monde de la finance ; mais aussi réformer le système de financement des élections pour ne plus permettre aux milliardaires d’utiliser celles-ci.

Surtout, Bernie Sanders n’hésite pas à attaquer avec virulence son adversaire direct : Hillary Clinton. Le Sénateur du Vermont a décidé de mener cette offensive sur deux fronts différents. Tout d’abord, Hillary Clinton est l’alliée de Wall Street. Il aime à rappeler qu’en effet de nombreuses banques ont financé la campagne de l’ancienne Première Dame. Cela n’est pas acceptable aux yeux du socialiste Sanders. Second angle d’attaque : Hillary Clinton est la femme de Bill Clinton. Un ancien Président à l’attitude « scandaleuse et déplorable » selon Sanders. Le fond et la forme. Chez Clinton, tout est donc prétexte à critiques pour le candidat à l’investiture démocrate.

Trop à gauche ?

Son discours plaît. C’est indéniable. Mais Bernie Sanders est encore loin du bureau ovale. En effet, s’il est choisi comme candidat démocrate pour affronter le candidat républicain (Donald Trump à priori), ses chances de se voir élire sont faibles tant il est à gauche sur l’échiquier politique américain. Nul doute que les électeurs républicains se déplaceront en masse dans les urnes pour éviter qu’un socialiste ne dirige le pays des billets verts. Idée inconcevable pour eux. C’est d’ailleurs là dessus qu’Hillary Clinton a décidé d’attaquer Sanders. Selon l’ex Secrétaire d’État, les Démocrates doivent voter pour elle et non pour un candidat qui conduirait leur camp à la défaite en novembre prochain.

Tout le monde n’est pas du même avis qu’Hillary Clinton. Depuis 1975, la Western Illinois University ne s’est jamais trompée sur ses prévisions en ce qui concerne les Élections Présidentielles. Et pour elle, Bernie Sanders sera investi, le 20 janvier 2017, 45ème Président des États-Unis d’Amérique, succédera ainsi au premier Président noir et deviendra le premier Président socialiste du pays de l’Oncle Sam. Mais attendons. Les choses peuvent encore bien changer jusqu’au 8 novembre prochain.

Arthur Blanquet